lundi 26 mai 2014

Let's go to Melbourne!




Et c’est reparti pour un tour ! Toujours en direct de Sydney, face à la mer, sur un petit parking isolé, voici venue l’heure de reprendre mon récit là où je l’avais laissé. C'est-à-dire à Adélaïde. Ou plutôt en repartant d’Adélaïde, vu qu’on avait rien à en dire.



Avalant la route tels des phacochères affamés, nous nous sommes rendus d’une traite à Mont Gambier, où nous avons pris le temps de nous délasser. En effet, cernée par une belle campagne verdoyante et vallonnée, cette petite ville rurale est tout à fait charmante, et appelle le voyageur harassé au repos bien mérité. La particularité de cet endroit est le mont Gambier lui-même, dominant la ville de toute sa majesté, car il s’avère être en fait non pas une montagne, mais un double volcan en sommeil, dont les cratères abritent deux magnifiques lacs à la beauté irréelle. Le premier est le Blue Lake, qui doit son nom à la remarquable couleur de ses eaux. Pendant longtemps, les géologues s’interrogèrent sur ce phénomène, sans pouvoir se l’expliquer, avant de comprendre qu’un mec y jetait tous les jours de la peinture bleue. Nan, j’déconne ! C’est en fait du aux eaux de pluie qui s’infiltrent dans les sols alentours, rejoignent une nappe souterraine constellée de minéraux opalescents, avant de remonter par les cheminées du volcan. Le deuxième, appelé Valley Lake, est un peu moins impressionnant, mais néanmoins très joli, et idéal pour pique-niquer sur ses berges envahies par les canards.














Plus au sud, en quittant le Southern Australia pour l’état de Victoria, on tombe immanquablement sur la sublime et fameuse Great Ocean Road. Elle démarre en douceur, suivant le tracé régulier des gigantesques falaises de calcaire, et offrant de temps à autres un point de vue fantastique sur un superbe panorama invraisemblable. Car face à ces murs vertigineux qui plongent tout droit dans l’Océan Austral, nos ridicules falaises d’Etretat peuvent aller se rhabiller et disparaître dans l’oubli. A vrai dire, toute cette portion de côte est incroyable : des arches naturelles aux grottes immenses, des petites criques aux plages infinies, toute la terre et la roche semblent avoir été sculptées par Eole et Poséidon alors qu’ils étaient sous acide. Un seul mot vient alors à l’esprit : « Divin ». Ou « Folie » au choix. Ou « Bouillotte », c’est selon. C'est vous qui choisissez. En fait, c’est très subjectif, l’appréciation de la beauté et sa dénomination, non? Bref, c’est vraiment très beau.



 











Le spot le plus somptueux demeure tout de même, à nos yeux, le site nommé Loch and Gorge. Succession de gorges (comme son nom l’indique), de failles et de criques perçant la muraille rocheuse, la baie entière était tristement célèbre au temps de la marine à voile, en raison des récifs y affleurant et du brouillard, dense et fréquent. En 40 ans à peine, plus de 80 navires sombrèrent dans les environs. Et c’est ici précisément que coula le Loch Ard, en 1978 ; un clipper anglais qui perdit 64 passagers et membres d’équipage, pour seulement deux survivants… On ne peut malheureusement pas voir l’épave, mais on imagine aisément le drame, au vu de la violence des vagues, de l’escarpement des rochers et de la profondeur de l’eau. Quoi qu’il en soit, au-delà de cet aspect historique macabre, c’est sublime. Surtout cette plage de sable blanc, aux eaux limpides, enfermée dans un cirque de plus de trente mètres de haut, avec pour seule sortie un chenal étroit balayé par le vent, mais disposant de l’abri d’une large et obscure grotte, saillie de milliers de stalactites menaçants. L’endroit idéal pour s’échouer, quoi !














 







Après quoi nous nous sommes rendus aux 12 apôtres, ces pitons rocheux jaillissant de l’eau ; piètres résidus des falaises d’antan et témoins malmenés de la force de l’océan. Il n’en reste que 7, du moins visibles depuis les plateformes d’observation, mais l’ensemble est apparemment accessible, si l’on est toutefois assez fortuné pour se payer une virée en hélico. Je passerai rapidement sur Apollo Bay, au demeurant très joli, car nous ne nous y sommes pas attardés. Sachez seulement qu’à partir de là, la Great Ocean Road changea radicalement, se transformant en route de montagne, sinueuse et perfide, épousant les formes des montagnes se jetant dans la mer, et surplombant des à-pics effrayants. Qu’à cela ne tienne ! Mené d’une main de pilote, Mushi releva le défi sans encombres, pour finalement arriver dans les verts pâturages des collines précédant la douce descente vers la ville.






 




Aaah… Melbourne ! Fabuleuse Melbourne ! S’il y a bien une ville qui mérite le détour en Australie, c’est celle-ci… Notre arrivée, en fin de matinée, fut un peu lugubre, de lourds et menaçants nuages recouvrant la baie. Néanmoins, le soir venu, le vent avait balayé le ciel, nous offrant un magnifique coucher de soleil, le premier d’une longue série. A vrai dire, le temps nous a vraiment été favorable depuis. Car bien que nous soyons à la fin de l’automne, et que l’hiver vient, comme diraient les Stark, un soleil chaud et brillant illumine nos journées, et nous nous baladons encore en débardeur (bon ok, les soirées sont un peu fraîches). Après avoir squatté à l’entrée de la ville, comme des clodos, nous nous sommes rendus à St-Kilda, en banlieue, pour y trouver un véritable petit paradis. De belles plages, une superbe promenade, une magnifique marina, un petit marché charmant, un Luna Park, des terrasses partout, St-Kilda est un havre de paix pour ceux qui, comme nous, débarquent du bush et appréhendent de pénétrer en ville.















Une excellente surprise nous attendait, à quelques kilomètres de là. En effet, Stéphanie _ une amie rencontrée à Darwin qui nous avait par la suite hébergé à Katherine _ était de retour en Australie avec son mec depuis peu, et avait dégotté une piaule dans une énorme maison, avec une dizaine d’autres collocs de tous horizons. Bon, il n’y avait pas de place pour nous dans la baraque, mais personne ne vit d’inconvénient à ce que nous dormions dans le van, juste en face, et que nous profitions de la cuisine, des commodités, et de la wi-fi quand bon nous semblait. Le pied ! Un bon camp de base pour nous reposer, et partir visiter la ville sans trop galérer.









Melbourne est très étendue, et très aérée, avec de nombreux parcs disséminés un peu partout. Il était donc de bon ton de commencer par le sublime Botanic Garden, véritable poumon vert en bordure de la rivière Yara, et contenant de nombreux points d’eau pour abreuver les milliers d’arbres et de fleurs qui le composent. Dotée d’une histoire religieuse chargée (les catholiques furent longtemps persécutés en Australie), la ville abrite également d’innombrables temples, églises, et même des cathédrales majestueuses digne de faire pâlir de jalousie certains de nos monuments européens. Quant à l’architecture, certains quartiers ont su accorder harmonieusement le modernisme épuré des édifices les plus récents au style classique des vieilles bâtisses coloniales. A vrai dire, l’ensemble rappelle un peu les paysages urbains de Londres, ou même de New York, avec certes moins de verticalité. En tout cas, c’est un véritable plaisir que de déambuler dans les ruelles étroites, ou sur les larges trottoirs des artères principales, à observer les gens et leurs différences.




















Melbourne est mondialement réputée pour son sport, toutes disciplines confondues, à croire que ses habitants vouent un culte secret à Coubertin ; mais ce qui frappe le visiteur avant tout, c’est l’incroyable production artistique, présente à tous les niveaux. Des buskers aux performers, des galeries privées aux expos publiques, des nombreux musées aux festivals en plein air, il y en a pour tous les goûts. Mais le summum, c’est le street art. La ville est naturellement décorée et colorée, chaque commerçant ou compagnie ayant pris soin d’apporter une touche personnelle à leur façade ou à leur bout de trottoir. La mairie n’est pas en reste, contribuant énormément à l’habillage urbain, mais sa plus grande réussite fut de dédier des ruelles entières à la libre expression des grapheurs de tous styles et horizons. Le résultat est vraiment impressionnant. Nous n’avons trouvé que deux de ces petits bijoux underground, mais je sais qu’il en existe bien d’autres, cachés ça et là au détour d’une ruelle. Les mots sont inutiles pour en décrire la qualité supérieure, alors voyez par vous-mêmes :


















En matière d’art, nous avons été servis ! Dans un style plus conventionnel, nous sommes allés visiter l’incroyable Galerie Nationale du Victoria. Autant l’extérieur laisse à désirer, présentant l’aspect austère et le charme d’un ministère de l’ex Union Soviétique, autant l’intérieur est remarquable de chaleur, de propreté et de design. Et leurs collections sont étonnantes. Nous avons pu admirer une centaine d’esquisses de Blake et une rétrospective complète des peintres italiens de la Renaissance (Da Vinci, Véronèse, Botticelli, Le Titien, Michel-Ange, etc...) ; une aile entière est dédiée à la Chine, et couvre une dizaine de dynasties ; quant aux européens, ils ne sont pas en reste. Bien que Picasso, Miro, Cézanne, Van Gogh, Monet, Manet, Gauguin, Velasquez et j’en passe ne soient présentés que par une toile chacun, les hollandais étaient de la partie, avec notamment Vermeer, Rembrandt, Jan Steen, et surtout Van Dyke, que j’adore. Nous sommes même tombés sur le premier essai en bronze (beaucoup plus petit que l'original) du Penseur, de Rodin. Bref, une bien belle visite.






Suite à quoi nous sommes allés au Melbourne Art Centre, où nous sommes tombés sur une superbe exposition dédiée au passage des Beatles dans la ville en 1964. Le live entier était diffusé sur un écran géant, tandis que de nombreuses cabines permettaient de visionner d’autres vidéos, ou d’écouter les interviews de l’époque, au milieu d’un fatras d’objets divers et variés, témoins de la Beatles mania de l’époque. Très réussi, comme hommage. Un peu plus loin, le Théâtre National avait fermé l’accès aux balcons et à la scène, mais la simple visite de ses couloirs immenses, capitonnés de rouge et d’or, et aux nombreuses décorations aborigènes, valait largement le déplacement. Une dernière visite dans une galerie d'art moderne nous laissa par contre de marbre, les pseudo performances ou œuvres présentées relevant plus de la recherche scatologique enfantine, que d'un réel travail artistique. M'enfin!










Vous l’aurez compris, nous avons adoré Melbourne, et nous ne sommes pas les seuls. Ses habitants ont vraiment une qualité de vie exceptionnelle, et il n’est pas étrange qu’elle figure parmi les trois villes les plus agréables au monde. Ceux qui l’ont sûrement le plus compris sont les chinois, ainsi que de nombreux ressortissants d’Asie du sud-est, venus s’installer en masse en ces lieux. Le quartier de Chinatown est tout un poème, comme le sont d’ailleurs la plupart de ses homologues dans le monde entier, petits îlots rouges au cœur des gratte-ciel. Les promenades le long de la rivière sont également de toute beauté, et nous avons marché sur des kilomètres au bord de l’eau, pour en admirer les vues incontournables. Nous y avons même pris un pot en terrasse, au soleil, le premier depuis longtemps ! Bref, le rêve…





























Après quelques jours de visites intensives, ne voulant pas abuser de l’hospitalité de Stéphanie, et désireux de poursuivre notre route au plus vite, nous avons quitté Melbourne, avec tout de même en tête le désir d’y revenir un jour. C’est donc tout pour aujourd’hui, mais restez connectés ! La suite ne devrait pas non plus tarder…



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